Peut-on retrouver l’état de flow grâce à l’hypnose ?
Je ne sais pas si vous connaissez cette notion d’état de flow ?
Et si oui, peut-être la connaissez-vous intellectuellement ou si vous l’avez déjà vécue, ressentie dans votre corps ?
Le « flow » ou « la zone » disent certains jeunes sportifs, est un état mental décrit en premier en 1975 par le psychologue au nom imprononçable : Mihály Csíkszentmihály.
C’est cet état mental que l’on peut ressentir pendant la pratique d’un sport ou dans une activité artistique par exemple, composé d’un ensemble de caractéristiques comme :
-Équilibre entre défi et compétence
-Fusion de l’action et la conscience
-Objectifs clairs
-Commentaires -intérieurs- sans ambiguïté
-Perte de conscience de soi
-Transformation du temps
Si vous l’avez déjà ressenti, vous comprendrez aisément ce que cela signifie.
Si vous aspirez à le ressentir ou en êtes curieux, je prends souvent comme image les scènes des films d’arts martiaux comme dans « Tigre et Dragon » dans lesquels on voit l’expert en arts martiaux au ralenti : on peut imaginer dans ces moments la maîtrise totale de son art avec une sensation d’aisance, de fluidité plutôt inhabituelle qui peut contraster avec les moments d’entrainement demandant beaucoup d’efforts et de surpassement.
C’est aussi quelque chose que l’on peut se figurer dans « Le Grand bleu » avec le personnage réinterprété de Jacques Mayol et qui fusionne littéralement avec l’eau. Il vit quelque chose que l’on appelle aussi le « sentiment océanique ».
On comprend donc que cet état de flow présuppose déjà une grande maîtrise de son « art » pris au sens large (activité sportive, art, artisanat etc.).
Mais à y regarder de plus près, j’ai remarqué que certaines caractéristiques définies par Csíkszentmihály ressemblent à s’y méprendre à des phénomènes hypnotiques induits par l’état d’hypnose comme la distorsion du temps ou la perte de conscience de soi.
Or j’ai pris récemment connaissance d’une étude partagée par Philippe Miras, que je remercie, dans un groupe d’hypnothérapeutes sur un réseau social. L’étude s’intitule : « Les effets de l’hypnose sur les états de flux et les performances ».
J’ai trouvé cette étude intéressante, même si elle est sans doute incomplète et pas très récente (elle date de 2008). En effet, elle établit de façon claire et pertinente la relation entre une préparation du sportif avec l’hypnose et l’amélioration de ses ressentis et de ses performances.
La majorité des sportifs objets de l’étude témoignent avoir ressenti de manière beaucoup plus fréquente l’état de flow après avoir été accompagnés en hypnose. L’amélioration de leurs performances est objectivée par l’étude.
Pour simplifier l’étude et vous en éviter la lecture, je dirais que les techniques d’hypnose utilisées sont assez simples. Il s’agit de techniques de relaxation par la respiration, d’ancrages (mise en place de déclencheurs, en l’occurrence il s’agissait de joueurs de badminton et le geste d’ancrage était le fait de tenir la raquette) et d’appel à des souvenirs de façon régressive (régressions hypnotiques : le geste, le déclencheur était associé à un souvenir rappelant une grande confiance et une grande maîtrise, quel que soit le domaine).
Ces techniques sont simples à appréhender et peuvent être apprises par les sportifs avec quelques sessions d’entrainement à l’hypnose et à l’autohypnose. Même si, pour les intégrer, un minimum d’entrainement mental et de répétition est requis.
Un autre aspect de l’étude est particulièrement intéressant. Il met en évidence qu’une fois le conditionnement effectué (l’ancrage mis en place), les processus importants pour une performance optimale n’ont plus besoin d’être contrôlés consciemment.
Ainsi, l’athlète peut se focaliser sur ses propres ressources attentionnelles sans avoir besoin d’y penser consciemment ou on pourrait dire volontairement.
A l’inverse, il a été prouvé par un certain Masters en 1992, que le contrôle conscient d’une tâche motrice perturbe le traitement automatique de la tâche et altère les performances.
Ce que je retiens suite à la lecture cette étude :
- l’hypnose et l’entrainement mental avec l’hypnose permet aux athlètes d’automatiser certaines tâches motrice sans qu’ils aient besoin d‘y penser et améliore leurs performance.
- Le ressenti des athlètes est amélioré et ils décrivent arriver plus souvent à l’état de flow
- Les performances sont globalement améliorées
- Les techniques d’hypnose sont plutôt simples et à la portée de tous, préparateurs mentaux, hypnothérapeutes et sportifs entrainés à l’autohypnose
Voici le lien vers l’étude : « Les effets de l’hypnose sur les états de flux et les performances ».
N’hésitez-pas à échanger avec moi pour discuter de ces techniques ou pour vous apprendre les mettre en place en tant qu’athlète ou en tant qu’entraineur/coach mental.
Merci à vous pour votre lecture.
Sylvie
Le 4 décembre 2023